Premier acte (suite…)
Timidement tout d’abord, puis y prenant goût, il découvrit les effets de l’ivresse, qu’il n’avait jamais connus jusqu’alors. Cette sensation qu’il avait à ces moments, de ne plus toucher terre et de survoler tout ce qui pouvait se dérouler sous ses yeux, l’amener toujours à se retrouver ou à élucubrer lui-même des histoires impossibles!
Cela les histoires rocambolesques, ce sont, quoi qu’il en soit, le lot presque quotidien de Sylvestre!Depuis toujours pratiquement!
Lorsque sa mère, plutôt possessive et parfois totalement grandiloquente, l’avait encore dans ses jupons, Sylvestre savait se tenir. Néanmoins, il essayé malgré lui!
Il aurait en effet bien joué quelques tours, non pas mauvais en soi, seulement un peu sournois; à sa chère Caroline, sa cadette de trois ans. Seulement, celle-ci compris rapidement où voulait en venir son aîné et, du haut de ces quatre ans, elle était capable de juguler ces agissements, qui lui auraient peut-être valu, à elle, quelques bonnes fessés!
A peine apercevait-elle l’ombre traître de son frère, qu’elle se mettait dans la seconde à hurler à s’en époumoner! Maman Martine avait vite fait de stopper net là, les actions suspectes de son fils premier.
Après tout, ce ne fut pas une sempiternelle réprimande, car à force de contrages et d’échecs de ses missions « Attaqua mauvaise bougre!« , Sylvestre chercha et imagina d’autres centres d’intérêts, plus productifs en bêtises!
Malgré tout, tandis que les plus grands, quittaient le nid familial et désertés son minable bourg perdu au fin fond du massif central, Sylvestre, lui, ne pouvait pas s’exiler où que ce soit. Il avait sept ans et s’ennuyer à mourir. Il n’avait aucun copain, avec qui il aurait pu inventer les pires âneries, sauter dans les plus profonds ravins de derrière chez le vieux fou. Pas un seul p’tit voisin pour sortir de cet environnement trop calme, trop adulte, beaucoup trop lourd.
« Normal! répétait toujours Sylvestre à ses Camaraden, lorsqu’il leur racontait justement son enfance; y’avait que des vieillards dans notre bourg…de quatre cent habitants! Ben oui, parce-que chez nous, il y a tellement rien aux alentours et même au d’làs! Deux maisons ça représente un village, alors cent trente! Un peu plus et on nous aurait dit que notre patelin était devenu une ville! »
Sa seule compagnie était la chienne de la famille; Toupette de son p’tit nom. « Original encore, comme tout ici », se disait-il dès qu’il allait la faire venir aux pieds!
Lorsqu’elle a fait son apparition dans la famille, Sylvestre avait dix ans et ne voulait pas en entendre parler. Il disait qu’un chien, à part faire chier pour aller pisser et bouffer sans arrêt à vous en sucrer toutes vos économies et bien vraiment, ces bêtes là, ça n’avait aucun, mais pas le moindre intérêt!
Caroline, qui avait alors six-sept ans, s’était mise à réclamer avec une certaine insistance un animal de compagnie, car, elle aussi, commençait sévèrement à tourner en rond, une fois l’école finie.
Et c’est ainsi, que Toupette, donné avec le plus grand soulagement par la voisine quadragénaire, dont la propre bâtarde avait quelque temps auparavant mis bas, déboula, toute joyeuse avec toute l’excitation de ces quatre mois!
Il n’allait pas la noyer? La jeter dans l’énorme ravin du vieux? Alors il s’y est fait… et puis…il s’en ait fait un partenaire de jeux! Ou davantage une aide à l’enquiquinement de sa sœur et pourquoi pas de sa mère! Oui, car vu que Toupette était toujours celle qui faisait les conneries (bien sûr guidées et préparées par derrière par notre pro!), Sylvestre ne recevait aucune réprobation!
Voilà comment avait grandi Sylvestre, un peu seul, mais avec beaucoup d’idées en tête…!